Les nouveaux mythes

Les médias de masse avaient érigé trois grandes fig­ures, trois emblèmes de la « coex­is­tence paci­fique »: Kennedy, Khrouchtchev et le pape Jean XXIII. Mais ce triple sym­bole sera de courte durée. Kennedy est assas­s­iné en 1963 par la fac­tion con­ser­va­trice. Il avait néan­moins déjà per­du une par­tie de son crédit sym­bol­ique en favorisant les manœu­vres con­tre-révo­lu­tion­naires à Cuba et en engageant les États-Unis dans la guerre du Viet­nam. Khrouchtchev (indépen­dam­ment de ses mérites et démérites) suc­combe aux luttes de pou­voir qui agi­tent la nomen­klatu­ra sovié­tique. Para­doxale­ment, c’est l’action du pape Jean XXIII qui aura les effets les plus durables: le con­cile Vat­i­can II1 Le deux­ième con­cile œcuménique du Vat­i­can, plus couram­ment appelé Vat­i­can II, a été ouvert par le pape Jean XXIII en 1962 et clos en 1965, sous le pon­tif­i­cat de Paul VI.., sous son égide, engage une con­cep­tion du chris­tian­isme à la fois beau­coup plus large et plus pop­u­laire, et con­tribuera à tourn­er la page du pon­tif­i­cat de Pie XII, éli­taire et rem­pli de zones d’ombre. La fig­ure de Jean XXIII demeur­era une référence impor­tante pour ceux qu’on appellera plus tard les « chré­tiens du dis­sensus ».

Les intel­lectuels raf­finés du courant opéraïste décou­vraient la « cen­tral­ité de l’usine » et suiv­aient, en s’y impli­quant pas­sion­né­ment, la con­sti­tu­tion, au fil des luttes, de la cul­ture poli­tique de l’« ouvri­er-masse ». Les marx­istes-lénin­istes, quant à eux, trou­vaient dans le mod­èle chi­nois une bous­sole nou­velle pour s’orienter dans le mag­ma de la révo­lu­tion. Les jeunes d’une bonne par­tie du monde occi­den­tal (alle­mands, anglais, ital­iens, hol­landais, améri­cains) étaient gag­nés, pour la pre­mière fois depuis l’après-guerre, par le sen­ti­ment de leur spé­ci­ficité, la con­vic­tion de for­mer une sorte de « classe générale généra­tionnelle », rad­i­cale­ment cri­tique à l’égard de l’état présent des choses. Ils lisaient sans doute davan­tage Sartre et Camus que Marx et Lénine, et plaçaient leur quo­ti­di­en sous le signe d’une recherche inquiète de per­spec­tives, de cul­tures et de pra­tiques com­munes. Les jeunes en Ital­ie (c’était déjà le cas aux États-Unis depuis le début des années 1950) devi­en­nent un « prob­lème », qu’étudient avec un soin assidu et un peu pathé­tique des soci­o­logues plus ou moins con­cernés.

L’organisation de la société com­mence à devenir réelle­ment trop étriquée. Le sys­tème des par­tis, sous le gou­verne­ment de cen­tre-gauche, joue la carte de l’accès aux biens de con­som­ma­tion et des réformes douces (la seule qui aura des résul­tats nota­bles, par-delà les inten­tions des lég­is­la­teurs, sera celle du col­lège unique, qui favoris­era le con­tact entre les enfants des ouvri­ers et ceux de la bour­geoisie).

Mais une société des marchan­dis­es et du « bien-être », une société qui occulte les iné­gal­ités et les injus­tices, ne pou­vait être vécue que comme intolérable et men­songère. On sent un besoin dif­fus de « grands idéaux », sus­cep­ti­bles de don­ner un sens à l’existence, en même temps qu’un refus des mod­èles exis­tants. Les pre­mières formes d’autogestion de la vie quo­ti­di­enne com­men­cent à se propager. Les pre­miers groupes « musi­caux » se for­ment en dehors des grands cir­cuits com­mer­ci­aux: l’Équipe 84, les Rokes… La chan­son des Noma­di, Dio è mor­to (paroles et musique de Francesco Guc­ci­ni) est cen­surée par la RAI 

2 Sor­tie en 1967, Dio è mor­to [Dieu est mort] fut en effet jugée blas­phé­ma­toire par la RAI mais pas­sa étrange­ment sur les ondes de Radio Vat­i­can. Paul VI aurait même déclaré appréci­er ce titre, dans lequel il ne déce­lait aucune inten­tion antire­ligieuse mais au con­traire de sains principes moraux. Francesco Guc­ci­ni, qui écriv­it le texte en 1965, admet­tait volon­tiers l’influence du Howl de Gins­berg (1955) : « J’ai vu les plus grands esprits de ma généra­tion détru­its par la folie, affamés hys­tériques nus, / se traî­nant à l’aube dans les rues négress­es à la recherche d’une furieuse piqûre, / ini­tiés à tête d’ange brûlant pour la liai­son céleste anci­enne avec la dynamo étoilée dans la mécanique noc­turne », tra­duc­tion française chez Chris­t­ian Bour­go­is, 2005.

.

Dio è mor­to (I Noma­di)

J’ai vu

les gens de mon âge s’en aller

le long de rues qui ne mènent nulle part

chercher le rêve qui mène à la folie

à la recherche de ce qu’ils ne trou­vent pas dans le monde comme il est

le long des nuits baignées de vin

dans les cham­bres trans­fig­urées par les cachetons

dans les nuages de fumée, dans le monde devenu ville,

se dress­er con­tre ou endur­er notre civil­i­sa­tion fatiguée

et un Dieu qui est mort

sur le bord des routes Dieu est mort

dans les autos à crédit Dieu est mort

dans les mythes de l’été Dieu est mort.

On m’a dit

qu’aujourd’hui ma généra­tion ne croit plus

en ce qu’on a sou­vent trav­es­ti avec la foi

dans les mythes éter­nels de la patrie ou du héros

parce que le moment est venu de refuser toute impos­ture

les croy­ances faites d’habitudes et de peur

une poli­tique qui ne veut rien dire que faire car­rière

la bien-pen­sance intéressée, la dig­nité faite de vide

l’hypocrisie de ceux qui ont tou­jours rai­son et jamais tort

et un Dieu qui est mort

dans les camps d’extermination Dieu est mort

avec les mythes de la race Dieu est mort

avec les haines de par­ti Dieu est mort.

Je pense

que ma généra­tion est prête

pour un monde nou­veau et pour une espérance à peine éclose

pour un futur qu’elle tient déjà dans ses mains, pour une révolte sans armes

parce qu’à présent nous savons tous que si Dieu meurt, c’est pour trois jours

et puis il revient

dans ce en quoi nous croyons, Dieu est revenu

dans ce que nous voulons, Dieu est revenu

dans le monde que nous voulons

Dieu est revenu,

Dieu est revenu.

Bien sûr, ces nou­veaux groupes s’inspirent de mod­èles d’importation anglo-sax­onne, mais ils expri­ment aus­si une veine orig­i­nale, en traduisant de façon ­spon­tanée la dimen­sion exis­ten­tielle de la con­di­tion des jeunes. On peut penser que c’est à ce moment que la cul­ture musi­cale devient un véri­ta­ble out­il de com­mu­ni­ca­tion poli­tique et cul­turelle. L’industrie discographique en sera pro­fondé­ment, irréversible­ment, trans­for­mée. Les pra­tiques quo­ti­di­ennes aus­si.

En effet, même dans le champ de la « nou­velle musique », le cas ital­ien fait fig­ure d’exception. Une pre­mière rup­ture s’était pro­duite à la fin des années 1950, lorsque l’apparition de chanteurs comme Mina, Adri­ano Celen­tano, et par cer­tains aspects Domeni­co Mod­ug­no, avait porté un sérieux coup à la tra­di­tion mélodique d’ascendance napoli­taine. « Des rythmes dif­férents, entraî­nants, asso­ciés à des textes inspirés par le nou­veau feel­ing d’importation améri­caine et presque tou­jours débar­rassés des pesantes thé­ma­tiques amoureuses. L’importation du rock’n’roll était à l’Italie étriquée du boom économique ce qu’avait été le boo­gie pour la généra­tion d’après-guerre: un moyen d’échapper à la réal­ité quo­ti­di­enne, dans l’illusion d’une révolte qui avait peut-être pour seuls objets les canons offi­ciels du rythme et des paroles 

3 Libro bian­co sul pop in Italia, Arcana, 1976 [N.d.A.]..

[…]. » Aux États-Unis, on pou­vait lire l’explosion du rock comme l’expression d’un trait typ­ique de la société améri­caine: sa capac­ité à canalis­er les crises, à en déplac­er les enjeux « de manière à ce que toute oppo­si­tion à des événe­ments aus­si ter­ri­bles que le mac­carthysme ou la guerre de Corée soit réduite à un phénomène pure­ment généra­tionnel, finale­ment apaisé à grand ren­fort de mythes (James Dean, Elvis Pres­ley) et de rites (le rock, la moto, les blousons) – et donc recy­clé une fois de plus au prof­it du marché.

En Ital­ie, au con­traire, le rock’n’roll ne parvien­dra jamais à s’imposer comme un instru­ment de paci­fi­ca­tion. Il se mon­tre inca­pable (comme cela avait déjà été le cas pour le ciné­ma) de rem­plir effi­cace­ment sa mis­sion colonisatrice. Car en réal­ité, ce qui ne passe pas en Ital­ie, c’est l’idéologie qui entoure le rock’n’roll améri­cain. D’abord parce que la pau­vreté des jeunes ital­iens ne leur donne accès ni à des motos ni même au plus mod­este blou­son; mais surtout parce que la réal­ité de la vio­lence sociale laisse peu de place à la sub­li­ma­tion. En Ital­ie, les ter­mes du con­flit social sont d’une autre nature et la mémoire des luttes est encore bien vivante – si on la com­pare à la dom­i­na­tion total­isante des mass-médias améri­cains. En out­re, le régime démoc­rate-chré­tien n’est pas étayé idéologique­ment, comme l’est le gou­verne­ment améri­cain, par des siè­cles de philoso­phie patri­o­tique inter­clas­siste 

4 Ibi­dem..

. »

De fait, le rock en Ital­ie, incar­ne tou­jours la dif­férence et la révolte. Dans ses ver­sions nationales, il con­cen­tre et il rad­i­calise un besoin réel d’identité et de rébel­lion. Francesco Guc­ci­ni, l’un des épigones ital­iens de Bob Dylan, est un per­son­nage véri­ta­ble­ment fasci­nant, une fig­ure de proue de la recherche « dans la langue » d’une ligne orig­i­nale, d’une con­sis­tance cul­turelle et poli­tique qui le place à mille lieues de la coloni­sa­tion phi­lo-améri­caine. Mais des groupes par­fois éphémères ont égale­ment su exprimer de manière sai­sis­sante la con­di­tion et les états d’âme de la jeunesse. C’est le cas par exem­ple des Corvi ou de The Rokes.

Un ragaz­zo di stra­da 

5 Un ragaz­zo di stra­da [Un garçon des rues] (1966) reste la chan­son la plus con­nue du groupe beat ital­ien I Corvi. C’est une réécri­t­ure de I Ain’t No Mir­a­cle Worker, de Nan­cie Mantz et Annette Tuck­er, inter­prétée par The Brogues (1965)..

(I Corvi)

Je suis ce que je suis

je n’ai pas la vie que tu as

je vis aux marges de la ville

je ne vis pas comme toi.

Moi je suis un vau­rien

laisse-moi tran­quille parce que

je suis un garçon des rues

et toi tu te joues de moi.

Tu es d’un autre monde

tu as tout ce que tu veux

je sais ce que vaut

une fille comme toi.

Moi je suis un vau­rien

laisse-moi tran­quille parce que

je suis un garçon des rues

et toi tu te joues de moi

je suis un garçon des rues

et toi tu te joues de moi…

È la piog­gia che va 

6 È la piog­gia che va [C’est la pluie qui s’en va] est une reprise du titre de Bob Lind, Remem­ber The Rain (1966). L’adaptation des Rokes reprend toute­fois peu de choses du reg­istre amoureux qui domine dans la ver­sion orig­i­nale, et y intro­duit une dimen­sion exis­ten­tielle et sociale qui en était com­plète­ment absente..

(The Rokes)

Sous une mon­tagne de peurs et d’ambitions

quelque chose est caché, qui ne meurt pas.

Si vous cherchez au fond de chaque regard, der­rière un mur de car­ton

vous trou­verez beau­coup de lumière et beau­coup d’amour.

Le monde est en train de chang­er

et il chang­era encore.

Mais vous ne voyez pas dans le ciel

ces tach­es d’azur, de bleu.

C’est la pluie qui s’en va

et le ciel bleu revient

si nous y croyons, si nous ne renonçons pas

vous ver­rez, un soleil neuf se lèvera.

Com­bi­en de fois nous a‑t-on dit, avec un triste sourire

les espérances de la jeunesse ne sont que fumée.

Ils sont fatigués de lut­ter et ils ne croient plus en rien

main­tenant que le but est tout proche.

Mais nous qui courons

nous irons plus loin.

Mais vous ne voyez pas que le ciel

chaque jour devient plus bleu.

C’est la pluie qui s’en va

et le ciel bleu revient.

Si nous ne nous arrê­tons pas, si nous restons unis

très bien­tôt, un soleil neuf se lèvera.

Qu’importe si, sur le chemin de la vie

cer­tains sont la proie des fan­tômes du passé.

L’argent et le pou­voir sont des pièges mor­tels

qui ont fonc­tion­né pen­dant si longtemps.

Nous, nous ne voulons pas tomber

nous ne pou­vons pas tomber plus bas.

Mais vous ne voyez pas dans le ciel

ces tach­es d’azur, de bleu.

C’est la pluie qui s’en va

et le ciel bleu revient.

Et avec le temps, sur le monde

comme le soleil au matin, un amour uni­versel se lèvera.

Mais on ressent aus­si un besoin de soulign­er sa « dif­férence », de l’exhiber avec fierté: les cheveux longs, les jeans, les mini-jupes, les vête­ments mil­i­taires savam­ment trans­for­més pour ridi­culis­er les sym­bol­es de l’autorité, dis­ent la révolte, le refus de la « bien-pen­sance » et des règles établies. Ce que les soci­o­logues nom­meront bien des années plus tard, en par­lant du punk, « la révolte du style », trou­ve ici ses loin­taines orig­ines. Un rejet aus­si soudain des stan­dards sus­cite, comme on pou­vait s’y atten­dre, de vives réac­tions de la part de deux insti­tu­tions majeures: la famille et l’école (au début, beau­coup de jeunes qui ne pou­vaient porter les cheveux longs ni à la mai­son ni au lycée optent pour des per­ruques qu’ils enlèvent en arrivant et remet­tent en sor­tant).

Cepen­dant, le proces­sus est désor­mais engagé et, par-delà ces pre­mières rup­tures sym­bol­iques, on en arrive rapi­de­ment à une cri­tique générale des insti­tu­tions. À com­mencer par la plus proche et la plus per­son­nelle: la famille. Beau­coup de jeunes cherchent ain­si à échap­per à l’autorité parentale: pour qual­i­fi­er ce phénomène, on ira jusqu’à utilis­er le terme de « fugue », même si le con­flit reste encore con­finé dans un cadre domes­tique.

Mais il est d’autres fugueurs, qui par­tent en éclaireurs sur la route de la métro­pole fasci­nante, à la recherche d’expériences nou­velles. Des minorités aver­ties com­men­cent à pra­ti­quer la « cul­ture du voy­age », en Hol­lande où sont les Provos 

7 Sur le mou­ve­ment des Provos, on peut lire Yves Frémion, Les Provos, Ams­ter­dam 1965–1967, Nau­tilus, 2009.

(qui s’inspirent des beat et des hip­pies améri­cains), ou en Angleterre qui est le point de ral­liement de la révolte de la jeunesse. Ils en ramè­nent des dis­ques, des jour­naux de la con­tre-cul­ture, des vête­ments, et l’usage de drogues légères qui aigu­isent les sens (essen­tielle­ment de la mar­i­jua­na).

Dans le rap­port entre les sex­es, on com­mence à remet­tre en ques­tion, même si c’est encore de manière con­fuse, les cul­tures du mas­culin et du féminin: en la matière les filles sont, comme on peut l’imaginer, beau­coup plus engagées. Un pro­duit tout ital­ien comme Pat­ty Bra­vo (la chanteuse adulée du Piper de Rome 

8 Le Piper est une salle de con­cert ouverte à Rome en 1965, sym­bole de la cul­ture beat ital­i­enne, où passeront, out­re des artistes étrangers, The Rokes, l’Equipe 84, I Corvi… et Pat­ty Bra­vo, une des « ragazze » du Piper..

) devient, avec sa lib­erté d’esprit, le sym­bole de l’émancipation mais aus­si de l’inquiétude de la jeunesse. Sa chan­son Ragaz­zo triste se fait l’écho de beau­coup d’émotions vécues.

Ragaz­zo triste 

9 Ragaz­zo triste [Garçon triste], sor­tie en 1966, est une reprise de But You’re Mine de Son­ny and Cher sur un texte ital­ien de Gian­ni Bon­com­pag­ni..

Garçon triste comme moi, ah, ah

qui rêve tou­jours comme moi, ah, ah

il n’y a per­son­ne qui t’attend, jamais,

car ils ne savent pas ce que tu es.

Garçon triste je suis pareille à toi

par­fois je pleure et je ne sais pas pourquoi.

D’autres sont seuls comme moi, ah, ah

mais un jour j’espère que tout chang­era.

Per­son­ne ne peut rester seul

ne doit rester seul.

Quand on est jeune comme ça

il faut être ensem­ble,

par­ler entre nous,

décou­vrir le monde que nous allons habiter.

Garçon triste comme moi, ah, ah

qui rêve tou­jours comme moi, ah, ah

D’autres sont seuls comme nous, ah ah

mais un jour j’espère que tout chang­era,

tu ver­ras… tu ver­ras…

Il ne faut pas rester seuls, jamais.

Il ne faut pas rester seuls, jamais.

Il ne faut pas rester seuls, jamais.

dans ce chapitre« Make love not warGian­car­lo Mat­tia: Chan­sons de l’innocence »
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    Le deux­ième con­cile œcuménique du Vat­i­can, plus couram­ment appelé Vat­i­can II, a été ouvert par le pape Jean XXIII en 1962 et clos en 1965, sous le pon­tif­i­cat de Paul VI..
  • 2
    Sor­tie en 1967, Dio è mor­to [Dieu est mort] fut en effet jugée blas­phé­ma­toire par la RAI mais pas­sa étrange­ment sur les ondes de Radio Vat­i­can. Paul VI aurait même déclaré appréci­er ce titre, dans lequel il ne déce­lait aucune inten­tion antire­ligieuse mais au con­traire de sains principes moraux. Francesco Guc­ci­ni, qui écriv­it le texte en 1965, admet­tait volon­tiers l’influence du Howl de Gins­berg (1955) : « J’ai vu les plus grands esprits de ma généra­tion détru­its par la folie, affamés hys­tériques nus, / se traî­nant à l’aube dans les rues négress­es à la recherche d’une furieuse piqûre, / ini­tiés à tête d’ange brûlant pour la liai­son céleste anci­enne avec la dynamo étoilée dans la mécanique noc­turne », tra­duc­tion française chez Chris­t­ian Bour­go­is, 2005.
  • 3
    Libro bian­co sul pop in Italia, Arcana, 1976 [N.d.A.]..
  • 4
    Ibi­dem..
  • 5
    Un ragaz­zo di stra­da [Un garçon des rues] (1966) reste la chan­son la plus con­nue du groupe beat ital­ien I Corvi. C’est une réécri­t­ure de I Ain’t No Mir­a­cle Worker, de Nan­cie Mantz et Annette Tuck­er, inter­prétée par The Brogues (1965)..
  • 6
    È la piog­gia che va [C’est la pluie qui s’en va] est une reprise du titre de Bob Lind, Remem­ber The Rain (1966). L’adaptation des Rokes reprend toute­fois peu de choses du reg­istre amoureux qui domine dans la ver­sion orig­i­nale, et y intro­duit une dimen­sion exis­ten­tielle et sociale qui en était com­plète­ment absente..
  • 7
    Sur le mou­ve­ment des Provos, on peut lire Yves Frémion, Les Provos, Ams­ter­dam 1965–1967, Nau­tilus, 2009.
  • 8
    Le Piper est une salle de con­cert ouverte à Rome en 1965, sym­bole de la cul­ture beat ital­i­enne, où passeront, out­re des artistes étrangers, The Rokes, l’Equipe 84, I Corvi… et Pat­ty Bra­vo, une des « ragazze » du Piper..
  • 9
    Ragaz­zo triste [Garçon triste], sor­tie en 1966, est une reprise de But You’re Mine de Son­ny and Cher sur un texte ital­ien de Gian­ni Bon­com­pag­ni..