Oppression / exploitation

Mais il est une autre tor­pille lancée con­tre le mod­èle porté par mou­ve­ment ouvri­er : en par­tant d’une cri­tique économique et sociale d’inspiration opéraïste, elle défend une monéti­sa­tion du tra­vail ménag­er, c’est-à-dire du tra­vail souter­rain, analysé au prisme de la caté­gorie d’exploitation. Le pro­jet de libéra­tion des femmes con­siste alors à faire appa­raître la quan­tité d’effort et la quan­tité de revenu qui se dis­simu­lent dans cette trans­for­ma­tion de la valeur d’usage en valeur d’échange. À Padoue, les fémin­istes exi­gent « un salaire pour les femmes au foy­er ». En mai 1975, on peut lire dans les pages de leur jour­nal Le operaie del­la casa[fn] Le operaie del­la casa [les ouvrières du foy­er], riv­ista dell’autonomia fem­min­ista, Padoue, avril 1975. En France aus­si, des col­lec­tifs se sont emparés de la ques­tion du salaire ménag­er : « Non pas : est-ce bien ou non de réclamer un salaire ménag­er ? Mais : le salaire ménag­er est le seul moyen de com­mencer à lut­ter con­tre l’oppression qui pèse sur les femmes, y com­pris du tra­vail ménag­er », « La lutte des femmes algéri­ennes à Paris », Cama­rades, avril-mai 1976, repris dans Le Foy­er de l’insurrection, textes sur le salaire pour le tra­vail ménag­er, col­lec­tif l’Insoumise, 1977. Voir aus­si Louise Toupin, Le Salaire au tra­vail ménag­er. Chronique d’une lutte fémin­iste inter­na­tionale (1972–1977), les édi­tions du remue-ménage, 2014. [/fn] :

« Nous les femmes, dans le monde entier, accom­plis­sons le même tra­vail : nous por­tons les enfants, nous les faisons naître, nous les élevons, nous prenons soin de notre mari, de notre famille. Nous sommes tou­jours présentes lorsqu’il faut soutenir et récon­forter nos enfants qui revi­en­nent de l’école, nos maris et nos pères qui revi­en­nent de l’usine, du bureau, etc., nos par­ents ou nos beaux-par­ents ter­ri­fiés à l’idée de finir à l’hospice ou qui pensent être une charge à la mai­son.

Lorsque nous sommes seules à la mai­son, nous sommes comme des trains : organ­isées à la minute près, tou­jours en mou­ve­ment : nous faisons les lits, nous net­toyons les vit­res, nous faisons les cours­es, nous bal­ayons et lavons le sol et les escaliers, nous net­toyons la salle de bains, nous plions et rangeons les vête­ments, nous lavons le linge et le repas­sons, etc.

Lorsque les hommes ren­trent à la mai­son, tout est pro­pre et en ordre ; ils ne se ren­dent pas compte de la quan­tité de tra­vail que cela nous a coûté, ils ne se posent pas la ques­tion. Ain­si le tra­vail domes­tique passe tou­jours à la trappe, parce que s’il y en a un qui est fatigué, qui ne se sent pas bien ou qui est inqui­et, ça ne peut être que lui.

Les enfants, eux, l’après-midi, assis­tent à notre tra­vail ; mais ils sont trop petits pour faire autre chose que nous aimer et nous laiss­er tra­vailler ; et puis, on nous les abîme tout de suite en leur apprenant à ne pas nous respecter. Voilà à quoi ressem­ble, pour la plu­part d’entre nous, la vie en famille.

C’est ain­si que nous accu­mu­lons au fil des années une fatigue physique chronique, une rancœur, une intolérance et une grande vio­lence envers tous et con­tre tout.

Faire et refaire chaque jour les mêmes choses que les autres défont sans cesse, tra­vailler à des rythmes déli­rants comme nous le faisons, tâch­er d’équilibrer les comptes, se rap­pel­er mille choses, les fac­tures à régler, le loy­er qu’il faut met­tre de côté et aller pay­er, tout ce qu’il faut acheter, ce qu’il faut répar­er, etc., ça nous met les nerf à vif. Pen­dant ce temps, per­son­ne, ni mari, ni enfants, ni famille, n’a de véri­ta­ble con­sid­éra­tion pour nous.

Au bout du compte, c’est tou­jours la même chose : nous aimons davan­tage que nous ne sommes aimées, nous ser­vons bien davan­tage que nous ne sommes servies, nous con­solons bien davan­tage que nous ne sommes con­solées. Nous devons en faire tou­jours plus pour avoir tou­jours moins. C’est cela qui nous épuise. En général, à quar­ante ans nous sommes déjà à bout de nerfs. Nous n’en pou­vons plus. Nous sommes con­sumées nerveuse­ment, spir­ituelle­ment, physique­ment. Alors, le neu­ro­logue nous pre­scrit des psy­chotropes.

La car­rière du sac­ri­fice, les femmes l’ont brusque­ment inter­rompue. La rébel­lion a sur­gi. Chaque femme veut béné­fici­er de la même con­sid­éra­tion, du même respect qu’elle porte aux mem­bres de sa famille, de la même quan­tité et de la même qual­ité d’amour, du même horaire de tra­vail.

Les hommes bien calés dans leur fau­teuil, même après huit heures de dur labeur, tan­dis qu’elle fait la vais­selle ne vont plus s’en tir­er à si bon compte. Elle aus­si a tra­vail­lé dur pen­dant la journée, et pen­dant plus de 8 heures. Alors, le min­i­mum c’est de partager le tra­vail qui reste à faire. Aucune femme n’en démor­dra. Dans les maisons, les dis­putes se mul­ti­plient entre maris et femmes, entre frères et sœurs, à pro­pos de toutes ces choses qui, de plus en plus, ne vont pas dans la famille entre les hommes et les femmes.

Mais hors de la famille aus­si, la colère des femmes monte. Con­tre ceux qui aug­mentent les tar­ifs de l’eau, du gaz, de l’énergie, du télé­phone, du loy­er, le prix des choses dont nous avons besoin pour vivre, de celles qui nous plaisent et que nous voudri­ons avoir. Tout cela a tou­jours été l’objet de dis­cus­sions entre les femmes, mais aujourd’hui, les femmes en colère ont dur­ci le ton con­tre ceux qui ont le pou­voir.

Et même l’autre éter­nel sujet de dis­cus­sion entre les femmes, la ques­tion des enfants, on l’aborde dif­férem­ment. On l’aborde en ter­mes de tra­vail domes­tique et d’argent : un enfant, ça fait un paquet de tra­vail en plus et il faut beau­coup d’argent pour l’élever ; le prix que nous payons pour faire un enfant est aujourd’hui trop élevé. C’est un état de fait : les femmes se sont mis­es à faire moins d’enfants parce qu’elles ont com­mencé à tenir compte de toutes ces choses qui les con­cer­naient. Et c’est ain­si qu’elles ont un peu échap­pé à l’engloutissement sous le tra­vail sans fin et le manque con­stant d’argent. Un peu échap­pé mais pas trop, parce que nous devons aujourd’hui encore con­sacr­er des mil­liers d’heures au tra­vail domes­tique. Dans cer­tains pays, les femmes ont même réus­si à obtenir un peu d’argent pour le tra­vail qui con­siste à élever des enfants. Qu’on pense seule­ment, pour don­ner un exem­ple bien con­nu, aux luttes des femmes qui reçoivent l’assistance de l’État en Grande-Bre­tagne et aux États-Unis

1 « C’est surtout dans les pays anglo-sax­ons que se sont dévelop­pés des mou­ve­ments encore peu con­nus à l’échelle inter­na­tionale : les mou­ve­ments des assistés (le “Wel­fare” aux USA, la “social secu­ri­ty” en Angleterre). Ces mou­ve­ments regroupent tous ceux qui tirent leur revenu directe­ment de l’État : mères seules, retraités, chômeurs, jeunes ; et ils sont légion ! C’est pré­cisé­ment leur grand nom­bre, ain­si que le développe­ment impor­tant de l’assistance publique dans ces pays qui ont ren­du pos­si­bles des luttes col­lec­tives de la part des assistés quant à leurs droits. Dans ces luttes, les femmes ont joué un rôle clé, en tant que mères qui ne se bagar­raient pas pour trou­ver un tra­vail, qu’elles avaient déjà, mais un revenu », Le Foy­er de l’insurrection, op. cit. (on peut en lire un extrait dans ce texte de Sil­via Fed­eri­ci: Salaire con­tre le tra­vail ménag­er)

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Aujourd’hui, c’est le tra­vail domes­tique dans son ensem­ble que nous met­tons à l’ordre du jour : comme temps de tra­vail et comme absence de salaire. Nous voulons organ­is­er la lutte con­tre notre exploita­tion. Voilà notre fémin­isme.

Femmes, nous tra­vail­lons deux fois plus que les hommes mais le 27 du mois, nous ne recevons pas notre paie.

L’Église célèbre la famille, l’État se fonde sur la famille, mais quand il s’agit de tra­vailler, c’est nous qui devons tir­er la char­rette. Et bien con­tentes si on nous dit mer­ci. Mais per­son­ne ne vit de mer­cis. Avec le salaire du mari on parvient tout juste à sur­vivre. Nous voulons un salaire pour le tra­vail domes­tique, pour com­mencer à VIVRE

2 « En tant que femmes qui vivons quo­ti­di­en­nement la muti­la­tion de nos vies que représente le dou­ble tra­vail, qui vivons tou­jours plus nom­breuses la muti­la­tion de nos corps et de nos pos­si­bil­ités que représente le tra­vail salarié for­cé, qui vivons la con­trainte du tra­vail ménag­er gra­tu­it, nous lut­tons, et nous récla­m­ons un revenu pour chaque femme, indépen­dant du nom­bre de nos enfants, de notre état-civ­il, de notre âge et de notre pro­duc­tion : un salaire pour les femmes, con­tre tout le tra­vail que nous faisons, pour arriv­er à en faire le moins pos­si­ble, pour ne plus devoir choisir entre un tra­vail ou deux travaux. […] Dans le tra­vail ménag­er gra­tu­it, dans notre rôle pro­duc­tif de femmes, nous iden­ti­fions ce qui nous cloue à la dépen­dance et à la dou­ble exploita­tion, et ce que nous avons toutes en com­mun ; car nous sommes toutes des ménagères. VICTORIA. Genève, 1977 », « Les femmes con­tre le tra­vail », ibi­dem

».

L’opposition homme/femme et la sex­u­al­ité, qui ont été jusqu’ici niées, sont pour le mou­ve­ment des femmes les ter­rains priv­ilégiés de l’oppression. Une oppres­sion per­pé­tuée par le sexe mas­culin à l’encontre du sexe féminin. Jusqu’ici, la seule grille de lec­ture de la con­di­tion fémi­nine avait été l’exploitation. Désor­mais, le tra­vail va s’axer sur la sex­u­al­ité. Et sur la néga­tion de la sex­u­al­ité fémi­nine, qui doit néces­saire­ment se con­former au désir de l’homme. Dans Specu­lum, Luce ­Iri­garay repar­court les textes de la philoso­phie à la psy­ch­analyse, de Pla­ton à Freud, pour soulign­er com­bi­en la femme est exclue de la pro­duc­tion du dis­cours

3 Luce Iri­garay, Specu­lum. De l’autre femme, Minu­it, 1974.

. Réduite à une plas­tic­ité silen­cieuse, ignorée par la logique de l’un et du même. En France, appa­rais­sent les groupes Psy­ch­analyse et poli­tique

4  Le groupe du MLF « psy­ch­analyse et poli­tique » sera en France à l’initiative de la créa­tion en 1973 des édi­tions Des Femmes

, tan­dis qu’en Ital­ie le mou­ve­ment se divis­era entre celles qui suiv­ent « la pra­tique de l’inconscient » et celles qui pensent qu’il est plus juste d’« inter­venir dans le champ social » (par exem­ple le col­lec­tif romain de la via Pom­pon­azzi 17). C’est cette alter­na­tive qui ten­tera de répon­dre à la crise des petits groupes d’autoconscience, pris en étau entre un douloureux besoin de poli­tique et l’impossibilité de men­er à son terme l’analyse de la dépen­dance (ce qui con­duira beau­coup de femmes à faire le choix de la psy­ch­analyse).

Les femmes organ­isent des ren­con­tres col­lec­tives et com­men­cent à pra­ti­quer les vacances séparées. Les lieux de ces ren­con­tres et de ces réu­nions ont nom Pinarel­la, Paes­tum, Carloforte

5 « Notre his­toire per­son­nelle de femme et le fait d’être prise dans une struc­ture sociale qui com­porte d’autres aspects de l’aliénation ne sont pas reliés ensem­ble. L’ouvrière qui nous par­le de ses prob­lèmes avec son mari et ses enfants paraît presque min­imiser l’aliénation qu’elle subit sur son lieu de tra­vail. […] À deux ans de dis­tance, dans les col­lec­tifs d’usines à Milan, les ouvrières se retrou­vent en train de par­ler de la famille, de faire de l’autoconscience, tan­dis que les plus poli­tisées mènent une sorte de “dou­ble mil­i­tance” : elles par­lent en tant qu’ouvrières avec les cama­rades et en tant que femmes avec les femmes, etc. Par­ler de pra­tique de l’inconscient, d’analyse de la sex­u­al­ité, sig­ni­fie que l’on recon­naît pro­fondé­ment que ce sont les nœuds spé­ci­fiques de notre alié­na­tion, mais ne sig­ni­fie pas que l’on nie l’existence d’autres moments de l’exploitation dans lesquels nous sommes nous-mêmes pris­es en tant que femmes. Le fait d’être mères, le rap­port à l’homme, etc., et le prob­lème de la pro­duc­tion sont liés entre eux », Lea Melandri, « La vio­lence invis­i­ble : con­ver­sa­tion avec des femmes de Padoue, 1975 », L’Infamie orig­i­naire, op. cit

. Ce qui compte, c’est que la dis­cus­sion poli­tique ne soit pas can­ton­née dans une sphère séparée. On éprou­ve du plaisir à par­ler ensem­ble. On ne se réu­nit pas entre femmes pour séch­er ses larmes. En 1973, dans Sot­toso­pra, on peut lire le témoignage d’une femme au retour de l’une de ces ren­con­tres :

« Et je me suis ren­due compte au fond que les femmes, moi y com­pris, nous ne sommes pas seule­ment cette caste opprimée qui se rebelle, nous ne sommes pas seule­ment capa­bles d’élaborer une analyse per­ti­nente pour une stratégie effi­cace, nous ne sommes pas seule­ment les “com­pagne” d’une lutte de libéra­tion. Bien sûr tout cela existe ; mais pour ain­si dire aug­men­té, ren­du splen­dide et heureux et puis­sant par l’évidence que j’ai vécue, que les femmes peu­vent être pour d’autres femmes des créa­tures aux­quelles on peut faire con­fi­ance et sur lesquelles on peut compter, avec lesquelles on se sent bien, avec lesquelles on peut jouer de la flûte et du tam­bourin des nuits entières, avec lesquelles on s’amuse, on danse, on dis­cute, on fait des pro­jets et on les réalise, toutes choses que l’on ne pen­sait pou­voir faire aupar­a­vant qu’en com­pag­nie des hommes. »

Et elle racon­te ensuite en quoi cet « amour pour les femmes » a été pour elle « le pre­mier pas, l’absolue nou­veauté par rap­port à la vieille con­science d’une oppres­sion com­mune, pour arriv­er moi aus­si à me recon­naître avec joie dans les femmes, à me recon­stru­ire non seule­ment dans la douleur et la rage mais aus­si dans l’enthousiasme et le rire ».

dans ce chapitre« L’autoconscienceL’adieu aux armes »
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    « C’est surtout dans les pays anglo-sax­ons que se sont dévelop­pés des mou­ve­ments encore peu con­nus à l’échelle inter­na­tionale : les mou­ve­ments des assistés (le “Wel­fare” aux USA, la “social secu­ri­ty” en Angleterre). Ces mou­ve­ments regroupent tous ceux qui tirent leur revenu directe­ment de l’État : mères seules, retraités, chômeurs, jeunes ; et ils sont légion ! C’est pré­cisé­ment leur grand nom­bre, ain­si que le développe­ment impor­tant de l’assistance publique dans ces pays qui ont ren­du pos­si­bles des luttes col­lec­tives de la part des assistés quant à leurs droits. Dans ces luttes, les femmes ont joué un rôle clé, en tant que mères qui ne se bagar­raient pas pour trou­ver un tra­vail, qu’elles avaient déjà, mais un revenu », Le Foy­er de l’insurrection, op. cit. (on peut en lire un extrait dans ce texte de Sil­via Fed­eri­ci: Salaire con­tre le tra­vail ménag­er)
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    « En tant que femmes qui vivons quo­ti­di­en­nement la muti­la­tion de nos vies que représente le dou­ble tra­vail, qui vivons tou­jours plus nom­breuses la muti­la­tion de nos corps et de nos pos­si­bil­ités que représente le tra­vail salarié for­cé, qui vivons la con­trainte du tra­vail ménag­er gra­tu­it, nous lut­tons, et nous récla­m­ons un revenu pour chaque femme, indépen­dant du nom­bre de nos enfants, de notre état-civ­il, de notre âge et de notre pro­duc­tion : un salaire pour les femmes, con­tre tout le tra­vail que nous faisons, pour arriv­er à en faire le moins pos­si­ble, pour ne plus devoir choisir entre un tra­vail ou deux travaux. […] Dans le tra­vail ménag­er gra­tu­it, dans notre rôle pro­duc­tif de femmes, nous iden­ti­fions ce qui nous cloue à la dépen­dance et à la dou­ble exploita­tion, et ce que nous avons toutes en com­mun ; car nous sommes toutes des ménagères. VICTORIA. Genève, 1977 », « Les femmes con­tre le tra­vail », ibi­dem
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    Luce Iri­garay, Specu­lum. De l’autre femme, Minu­it, 1974.
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     Le groupe du MLF « psy­ch­analyse et poli­tique » sera en France à l’initiative de la créa­tion en 1973 des édi­tions Des Femmes
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    « Notre his­toire per­son­nelle de femme et le fait d’être prise dans une struc­ture sociale qui com­porte d’autres aspects de l’aliénation ne sont pas reliés ensem­ble. L’ouvrière qui nous par­le de ses prob­lèmes avec son mari et ses enfants paraît presque min­imiser l’aliénation qu’elle subit sur son lieu de tra­vail. […] À deux ans de dis­tance, dans les col­lec­tifs d’usines à Milan, les ouvrières se retrou­vent en train de par­ler de la famille, de faire de l’autoconscience, tan­dis que les plus poli­tisées mènent une sorte de “dou­ble mil­i­tance” : elles par­lent en tant qu’ouvrières avec les cama­rades et en tant que femmes avec les femmes, etc. Par­ler de pra­tique de l’inconscient, d’analyse de la sex­u­al­ité, sig­ni­fie que l’on recon­naît pro­fondé­ment que ce sont les nœuds spé­ci­fiques de notre alié­na­tion, mais ne sig­ni­fie pas que l’on nie l’existence d’autres moments de l’exploitation dans lesquels nous sommes nous-mêmes pris­es en tant que femmes. Le fait d’être mères, le rap­port à l’homme, etc., et le prob­lème de la pro­duc­tion sont liés entre eux », Lea Melandri, « La vio­lence invis­i­ble : con­ver­sa­tion avec des femmes de Padoue, 1975 », L’Infamie orig­i­naire, op. cit