« Un poignard dans le cœur de la ville capitaliste »

« Le 28 novem­bre 1968, un cortège d’étudiants de la Cit­tà degli stu­di

1 La Cit­tà degli stu­di est une zone uni­ver­si­taire située dans le quarti­er de Lam­brate à Milan. Elle regroupe les fac­ultés de sci­ences, de médecine, de sci­ences humaines et d’architecture

quitte la rési­dence uni­ver­si­taire du viale Romagna. Dans le cen­tre de Milan, la man­i­fes­ta­tion se joint à d’autres cortèges en prove­nance de la Statale, de l’université Catholique, et à des mil­liers de lycéens

2 Sauf men­tion con­traire, les cita­tions de ce texte sont extraites de Giuseppe Natale, « L’occupazione dell’hotel Com­mer­cio a Milano », Quaderni pia­cen­ti­ni, n° 37, 1969

». L’objectif de la man­i­fes­ta­tion est d’occuper l’ex-Hôtel Com­mer­cio, piaz­za Fontana, « der­rière le Dôme, en face de l’archevêché, non loin de la Scala, de l’Hôtel de ville, du siège de la Province et de la Pré­fec­ture de Police […], bref, au cœur du cen­tre his­torique ». Les motifs de l’occupation sont claire­ment énon­cés dans un tract dis­tribué par les man­i­fes­tants. On y explique la sit­u­a­tion alar­mante des étu­di­ants-tra­vailleurs et des étu­di­ants fuori sede, et notam­ment le fait que trois cents d’entre eux aient été refusés à la Cité uni­ver­si­taire du viale Romagna par manque de place.

Avec l’occupation de l’ancien hôtel Com­mer­cio, la com­posante pro­lé­taire du Mou­ve­ment étu­di­ant devient vis­i­ble, et elle com­mence à dévelop­per un dis­cours qui lui est pro­pre. Dans le réc­it qu’il en fera dans les Quaderni pia­cen­ti­ni, Giuseppe Natale (qui s’engagera par la suite dans le syn­di­cal­isme enseignant) analyse le fonc­tion­nement de la ville cap­i­tal­iste: « Le plan régu­la­teur prévoit de trans­former rationnelle­ment le cen­tre his­torique en ce qu’il est déjà: un cen­tre de direc­tion poli­tique, admin­is­tra­tive, cul­turelle – le cerveau de la ville cap­i­tal­iste. […] Le plan, c’est la ratio­nal­i­sa­tion de la ville en ter­mes de class­es. C’est la logique même de l’usine, la ville divisée en secteurs: les bidonvilles, les mon­strueuses cités pop­u­laires, les habi­ta­tions respecta­bles, les maisons de luxe, autant de défro­ques dis­tinctes pour habiller les parias, la classe des tra­vailleurs exploités, les class­es moyennes, la haute bour­geoisie. L’ensemble doit être “bien” dis­tribué sur le plan urban­is­tique, tout doit s’organiser autour du cen­tre qui doit être la salle des machines et le par­adis bour­geois. […] Tout cela, nous l’avons “décou­vert” après le 28 novem­bre. Nous étions viale Romagna, à la Cité uni­ver­si­taire, notre secteur de Milan-usine, mais pour la plu­part, nous ne savions rien des autres secteurs, et le plus incon­nu de tous, c’était le secteur cen­tral: le cerveau et le cœur de cet organ­isme mon­strueux. Nous con­nais­sions pour­tant, et nous avions déjà com­bat­tu lors des luttes de 1967, la dif­fi­culté d’accès aux loge­ments étu­di­ants, la sépa­ra­tion des étu­di­ants en sci­ences et des étu­di­ants en let­tres, etc. Mais nous l’avions fait dans l’espace étroit du cor­po­ratisme et de la reven­di­ca­tion syn­di­cale, sans débouché poli­tique. Cette année, au con­traire, on se pro­je­tait à l’extérieur, on fai­sait main basse sur la ville. »

Une telle analyse de la ville est claire­ment influ­encée par les dis­cours de la Fac­ulté d’architecture en lutte. Dès 1967, dans leur désir de ne pas laiss­er la réflex­ion poli­tique con­finée entre les murs de l’université, les étu­di­ants avaient cher­ché à faire le lien avec « la ques­tion du ter­ri­toire (sur les prob­lèmes de con­struc­tion, d’urbanisme, de plan­i­fi­ca­tion ter­ri­to­ri­ale et donc – au bout du compte – sur les prob­lèmes de loge­ment que ren­con­traient les tra­vailleurs dans une métro­pole comme Milan) ». C’est donc une thé­ma­tique clas­sique du « réformisme avancé » que s’approprient les « étu­di­ants pro­lé­taires » et fuori sede, non sans un saut qual­i­tatif qui pré­fig­ure cer­tains de leurs choix poli­tiques à venir. « Ain­si le tract de l’occupation dénonce les faits: “À Milan, il y a 2300 lits pour plus de 20000 étu­di­ants fuori sede. Plus de 1800 affichent des loy­ers men­su­els supérieurs à 60000 lires, et cer­tains atteignent même les 110000 lires; sur ces 2300 lits, seuls 900 font par­tie du parc pub­lic.” En 1967, la lutte s’inscrivait encore dans la logique légal­iste de la reven­di­ca­tion. Nous deman­dions alors une nou­velle rési­dence étu­di­ante et une nou­velle can­tine […]. Depuis le 28 novem­bre 1968, le seul principe de lutte qui soit juste est celui de PRENDRE et non pas de deman­der CE QUI NOUS REVIENT DE DROIT. Aujourd’hui, nous avons com­pris qu’IL EST JUSTE DE SE REBELLER, et que tout peut et doit être remis en ques­tion […]. La lutte de nos 300 cama­rades est la lutte de tous les étu­di­ants.

La réac­tion des autorités com­mu­nales fut décon­cer­tante. Pris­es à con­tre-pied, elles com­mencèrent par atten­dre. La presse bour­geoise, même la moins pro­gres­siste, se bor­na à con­stater le cas de cer­tains (!) étu­di­ants “défa­vorisés”, et le maire social­iste promit de remédi­er aux néces­sités les plus impérieuses. »

L’ex-hôtel Com­mer­cio devint rapi­de­ment la plus grande « com­mune urbaine » de la ville, et prob­a­ble­ment d’Europe. De nom­breux jeunes tra­vailleurs immi­grés, mais aus­si de nom­breux représen­tants de l’aire de la con­tre-cul­ture rejoignent rapi­de­ment les étu­di­ants. Les espaces intérieurs sont réha­bil­ités grâce au sou­tien et à la col­lab­o­ra­tion de coopéra­tives com­mu­nistes de l’UDI (proche du PCI) et des comités de base de l’ATM

3 L’Unione delle donne ital­iane (Union des femmes ital­i­ennes) est une asso­ci­a­tion née en 1945 à par­tir de l’engagement antifas­ciste de groupes de femmes, en par­ti­c­uli­er au Nord de l’Italie. Elle a été recon­nue offi­cielle­ment par le CLN après la guerre. Rina Pic­co­la­to, résis­tante et dirigeante depuis 1943 des Grup­pi di dife­sa del­la don­na qui rejoin­dront l’UDI en 1945, déclarait à L’Unità le 16 mai 1945 : « Les femmes veu­lent con­tribuer à résoudre les prob­lèmes de l’alimentation, du loge­ment, de l’école, prob­lèmes qui les intéressent tout par­ti­c­ulière­ment et aux­quels elles opposent une atti­tude toute spé­ci­fique ». L’Azienda trasporti milane­si est la société des trans­ports urbains de Milan

. Le Com­mer­cio devient vite un point de ral­liement, un haut lieu de l’agitation poli­tique, avec les inévita­bles con­tra­dic­tions dues à « l’excessive » richesse de ses dif­férentes com­posantes. Mais pen­dant toute une longue péri­ode (l’occupation dur­era jusqu’en juil­let 1969), la com­posante « de masse » du mou­ve­ment s’efforcera d’étendre ce mod­èle d’intervention à d’autres réal­ités de lutte. Les occu­pants étab­lis­sent des con­tacts avec la nais­sante Unione inquili­ni et les expul­sés du quarti­er Iso­la-Garibal­di, ils inter­vi­en­nent dans les cités-dor­toirs de Cinisel­lo Bal­samo, ils par­ticipent aux luttes de la Cité uni­ver­si­taire du viale Romagna, ils se rap­prochent des Comités uni­taires de base dans les usines

4 Les Comités uni­taires de base (CUB) sont des organ­i­sa­tions ouvrières autonomes nées au print­emps 1968 – voir le chapitre 6, p. 271 sqq. L’Unione inquili­ni (Union des locataires) est une organ­i­sa­tion de défense des locataires issue du Comi­ta­to d’agitazione de Quar­to Oggia­ro, une assem­blée de quarti­er mobil­isée sur la ques­tion des loge­ments soci­aux. L’UI naît en mai 1968, lançant la reven­di­ca­tion « pas de loy­er supérieur à 10% du salaire ouvri­er ». Elle défendra des objec­tifs « de masse », « dans lesquels tous les pro­lé­taires puis­sent se recon­naître, et où, par exem­ple en récupérant des loge­ments soci­aux lais­sé vides à cause de pro­jets de spécu­la­tion immo­bil­ière, les pro­lé­taires pour­ront recon­naître que cette lutte est la leur, parce qu’elle porte, par-delà l’intérêt privé, les intérêts de la classe ouvrière dans toute leur com­plex­ité », cité par Francesco di Ciac­cia, La con­dizione urbana, sto­ria dell’Unione inquili­ni, Fel­trinel­li, 1974

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Le Mou­ve­ment étu­di­ant gagne au con­tact de ces réal­ités une indé­ni­able épais­seur théorique. Un texte des occu­pants affirme: « L’acteur cen­tral de l’action de la piaz­za Fontana, c’est l’étudiant-travailleur et le tra­vailleur-étu­di­ant. Voilà la nou­velle fig­ure qui est en train en réal­ité d’abolir les dis­tances qui sépar­ent le monde du tra­vail de celui des études. Alors que l’étudiant à temps plein a surtout con­science de l’aliénation cul­turelle, l’étudiant-travailleur et le tra­vailleur-étu­di­ant font l’expérience de l’exploitation et de l’aliénation du tra­vail et des études. L’école et son sys­tème répres­sif […] ont pour tâche de réduire l’étudiant à une marchan­dise mon­nayable sur le marché cap­i­tal­iste. L’étudiant à temps plein subit ce proces­sus de « marchan­di­s­a­tion ». L’étudiant-travailleur et le tra­vailleur-étu­di­ant sont déjà des marchan­dis­es. […] C’est sur la puis­sance de sub­ver­sion de la masse tou­jours plus nom­breuse des étu­di­ants défa­vorisés que se décide l’avenir du Mou­ve­ment étu­di­ant, et pas seule­ment le sien ».

Mais la diver­sité des « lignes poli­tiques » défendues par les dif­férentes franges du Mou­ve­ment, dou­blée d’une cer­taine ten­dance à l’idéologisation, ne pou­vaient que laiss­er appa­raître des con­tra­dic­tions par­mi les occu­pants de la piaz­za Fontana comme dans les luttes du viale Romagna. Il sem­blait tout par­ti­c­ulière­ment impos­si­ble de con­cili­er la néces­sité de l’organisation avec la richesse, la « spon­tanéité » de la com­po­si­tion sociale du mou­ve­ment – et cette ques­tion allait rester irré­solue des années durant. La stratégie de l’avant-garde extérieure aux mass­es, défendue par le Pcd’I (m‑l), ne pou­vait en effet qu’entrer en con­flit avec la base majori­taire, dont la pra­tique poli­tique s’inspirait glob­ale­ment des thès­es d’Il Potere operaio de Pise, c’est-à-dire de la théorie de l’avant-garde interne, qui met­tait implicite­ment en cause l’organisation ver­ti­cale de la forme-par­ti.

Indépen­dam­ment des argu­ments de fond, qui n’auront pas fini de s’opposer, ces querelles intestines ne pou­vaient qu’affaiblir l’organisation de masse des occu­pa­tions. La « com­mune » de l’ex-hôtel Com­mer­cio était dev­enue pour le pou­voir et pour la munic­i­pal­ité une ques­tion brûlante, per­pétuelle­ment débattue, d’autant plus que d’énormes intérêts immo­biliers étaient en jeu, et que la presse com­mençait à s’y intéress­er forte­ment. Alors que le cen­tre-ville était tra­ver­sé presque quo­ti­di­en­nement par des cortèges d’étudiants et d’ouvriers en per­pétuelle effer­ves­cence, l’existence d’un foy­er d’agitation sub­ver­sive en plein cœur de Milan était de toute évi­dence insouten­able. L’acuité des analy­ses pro­duites par les occu­pants, leur capac­ité de mobil­i­sa­tion, exerçaient une influ­ence pro­fonde sur les autres luttes. Les bour­geois et les réformistes voy­aient ain­si s’évanouir leurs derniers espoirs de tir­er par­ti de « l’esprit posi­tif » de la con­tes­ta­tion étu­di­ante.

Bien qu’encore minori­taire, cette fig­ure nou­velle de l’étudiant-travailleur se tourne vers les luttes de masse et s’y intè­gre com­plète­ment: « […] les temps sont révo­lus, peut-on lire dans un tract de l’ex-Commercio, où les mass­es accep­taient pas­sive­ment les con­di­tions de vie que d’autres leur impo­saient […] ». Cette intu­ition allait très vite être con­fir­mée par une série d’événements mar­quants: le 2 décem­bre à Avola, le 8 du même mois devant le Théâtre de la Scala et dans les grands mag­a­sins, le 31 à la Bus­so­la dans la Ver­sil­ia, le 16 jan­vi­er à Pirelli Bic­oc­ca

5 Le 2 décem­bre 1968 à Avola en Sicile, pen­dant la grève générale des ouvri­ers agri­coles pour le renou­velle­ment du con­trat et con­tre l’abus d’embauches à la journée (le capo­rala­to), le batail­lon anti-émeute de Catane attaque les man­i­fes­tants qui blo­quent les routes. Ceux-ci répon­dent par des jets de pierre, la police tire, deux ouvri­ers sont tués, des dizaines d’autres blessés, et 150 d’entre eux sont inculpés. Sur les événe­ments de la Bus­so­la voir dans ce chapitre – Cham­pagne et tomates : la nuit de la Bus­so­la, p. 257 sqq. La grève du 16 jan­vi­er 1968 à l’usine Pirelli Bic­oc­ca est à l’origine du pre­mier Comité uni­taire de base

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Sur les murs de la piaz­za Fontana, on pou­vait lire: « ceci est notre MAISON DE L’ÉTUDIANT ET DU TRAVAILLEUR, poignard dans le cœur de la ville cap­i­tal­iste. Par sa posi­tion stratégique dans le cen­tre-ville, notre mai­son est un lieu d’information poli­tique: les murs extérieurs sont nos jour­naux. Il est temps de cass­er, par nos pra­tiques, le mono­pole bour­geois de l’information. Nous avons véri­fié sur le ter­rain que le loge­ment, les trans­ports, les can­tines, sont des enjeux com­muns aux étu­di­ants défa­vorisés et aux tra­vailleurs […]. La mai­son de l’étudiant et du tra­vailleur de la piaz­za Fontana est au ser­vice des étu­di­ants défa­vorisés, des tra­vailleurs, des immi­grés, des exploités […]. Le comité de base des étu­di­ants-tra­vailleurs nous appar­tient. »

En juil­let 1969, les uni­ver­sités sont fer­mées et les étu­di­ants absents. Inau­gu­rant une pra­tique esti­vale qui va devenir courante, des cen­taines d’agents sur le pied de guerre assiè­gent la « Mai­son », l’occupent et la remet­tent immé­di­ate­ment aux ser­vices de démo­li­tion de la ville. Geste bru­tal et inutile que le maire jus­ti­fiera de manière puérile. La presse patronale, qui se frotte les mains, est loin d’imaginer qu’à l’automne suiv­ant – l’historique Automne chaud – le niveau de l’affrontement sera tout dif­férent.

dans ce chapitre« L’étudiant pro­lé­taireGiu­liano Scabia: notes sur des représen­ta­tions aux marges »
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    La Cit­tà degli stu­di est une zone uni­ver­si­taire située dans le quarti­er de Lam­brate à Milan. Elle regroupe les fac­ultés de sci­ences, de médecine, de sci­ences humaines et d’architecture
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    Sauf men­tion con­traire, les cita­tions de ce texte sont extraites de Giuseppe Natale, « L’occupazione dell’hotel Com­mer­cio a Milano », Quaderni pia­cen­ti­ni, n° 37, 1969
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    L’Unione delle donne ital­iane (Union des femmes ital­i­ennes) est une asso­ci­a­tion née en 1945 à par­tir de l’engagement antifas­ciste de groupes de femmes, en par­ti­c­uli­er au Nord de l’Italie. Elle a été recon­nue offi­cielle­ment par le CLN après la guerre. Rina Pic­co­la­to, résis­tante et dirigeante depuis 1943 des Grup­pi di dife­sa del­la don­na qui rejoin­dront l’UDI en 1945, déclarait à L’Unità le 16 mai 1945 : « Les femmes veu­lent con­tribuer à résoudre les prob­lèmes de l’alimentation, du loge­ment, de l’école, prob­lèmes qui les intéressent tout par­ti­c­ulière­ment et aux­quels elles opposent une atti­tude toute spé­ci­fique ». L’Azienda trasporti milane­si est la société des trans­ports urbains de Milan
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    Les Comités uni­taires de base (CUB) sont des organ­i­sa­tions ouvrières autonomes nées au print­emps 1968 – voir le chapitre 6, p. 271 sqq. L’Unione inquili­ni (Union des locataires) est une organ­i­sa­tion de défense des locataires issue du Comi­ta­to d’agitazione de Quar­to Oggia­ro, une assem­blée de quarti­er mobil­isée sur la ques­tion des loge­ments soci­aux. L’UI naît en mai 1968, lançant la reven­di­ca­tion « pas de loy­er supérieur à 10% du salaire ouvri­er ». Elle défendra des objec­tifs « de masse », « dans lesquels tous les pro­lé­taires puis­sent se recon­naître, et où, par exem­ple en récupérant des loge­ments soci­aux lais­sé vides à cause de pro­jets de spécu­la­tion immo­bil­ière, les pro­lé­taires pour­ront recon­naître que cette lutte est la leur, parce qu’elle porte, par-delà l’intérêt privé, les intérêts de la classe ouvrière dans toute leur com­plex­ité », cité par Francesco di Ciac­cia, La con­dizione urbana, sto­ria dell’Unione inquili­ni, Fel­trinel­li, 1974
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    Le 2 décem­bre 1968 à Avola en Sicile, pen­dant la grève générale des ouvri­ers agri­coles pour le renou­velle­ment du con­trat et con­tre l’abus d’embauches à la journée (le capo­rala­to), le batail­lon anti-émeute de Catane attaque les man­i­fes­tants qui blo­quent les routes. Ceux-ci répon­dent par des jets de pierre, la police tire, deux ouvri­ers sont tués, des dizaines d’autres blessés, et 150 d’entre eux sont inculpés. Sur les événe­ments de la Bus­so­la voir dans ce chapitre – Cham­pagne et tomates : la nuit de la Bus­so­la, p. 257 sqq. La grève du 16 jan­vi­er 1968 à l’usine Pirelli Bic­oc­ca est à l’origine du pre­mier Comité uni­taire de base