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Pour cette importante diaspora d’intellectuels qui se sont éloignés des partis de gauche après les « événements de 1956 », la naissance des Quaderni rossi constitue une expérience centrale. Il serait pourtant faux de la réduire, avec ce qu’elle comporte d’élaborations théoriques, à un épisode – même important – de dissidence intellectuelle. Car très rapidement, elle agrège de nombreuses réalités du monde ouvrier ou de la jeunesse, qui témoignent de l’urgence de procéder à un réexamen à la fois plus profond et plus concret de la condition ouvrière et prolétaire. En effet, l’organisation du capital et la composition de la classe ouvrière
1 L’analyse en termes de « composition de classe », notion centrale de l’opéraïsme, porte sur le rapport dynamique entre d’une part la « composition technique » de la classe ouvrière, c’est-à-dire les modalités de l’exploitation du travail vivant dans le processus productif, et de l’autre la « composition politique » de la classe, c’est-à-dire la subjectivité et les comportements ouvriers – auxquels elle accorde une attention primordiale, dans une perspective révolutionnaire. Sur cette notion, qui trouve sa source chez Marx au Livre I du Capital, voir la suite de ce texte, ainsi qu’au chapitre 6 – Les Comités Unitaires de Base (CUB) : la classe ouvrière comme sujet (p. 271 sq.), et Sergio Bologna : 68 en usine (p. 285 sqq.), et l’ensemble du chapitre 8 (p. 365 sqq.). Voir aussi Yann Moulier-Boutang, « L’opéraïsme italien : organisation/ représentation/idéologie ou la composition de classe revisitée », Le Philosophe et le gendarme, vlb éditeur, 1986s’étaient profondément modifiées, et ni les syndicats ni les partis de gauche ne semblaient – et c’était le cas – en avoir réellement saisi la portée. Au début des années 1960, il devient politiquement irréfutable qu’une phase importante du processus de développement capitaliste est parvenue à son terme. Cette restructuration productive et technologique touche en premier lieu les industries et les secteurs de pointe (c’est ce qu’on appellera la « question septentrionale »), mais elle affecte également la dynamique de la société italienne dans son ensemble. Elle repose principalement sur la diminution progressive des activités agricoles et l’extension des secteurs industriel et tertiaire. Le visage du pays, sa texture sociale, se sont fondamentalement transformés.
- 1L’analyse en termes de « composition de classe », notion centrale de l’opéraïsme, porte sur le rapport dynamique entre d’une part la « composition technique » de la classe ouvrière, c’est-à-dire les modalités de l’exploitation du travail vivant dans le processus productif, et de l’autre la « composition politique » de la classe, c’est-à-dire la subjectivité et les comportements ouvriers – auxquels elle accorde une attention primordiale, dans une perspective révolutionnaire. Sur cette notion, qui trouve sa source chez Marx au Livre I du Capital, voir la suite de ce texte, ainsi qu’au chapitre 6 – Les Comités Unitaires de Base (CUB) : la classe ouvrière comme sujet (p. 271 sq.), et Sergio Bologna : 68 en usine (p. 285 sqq.), et l’ensemble du chapitre 8 (p. 365 sqq.). Voir aussi Yann Moulier-Boutang, « L’opéraïsme italien : organisation/ représentation/idéologie ou la composition de classe revisitée », Le Philosophe et le gendarme, vlb éditeur, 1986