Le congrès de Bologne: le mouvement sans débouchés

Dans les mois qui suiv­ent, les par­tis de la majorité gou­verne­men­tale s’accordent pour pub­li­er une série de décrets relat­ifs à l’ordre pub­lic, qui dur­cis­sent la loi Reale – déjà réac­tion­naire – et restreignent encore les lib­ertés. En out­re, des pris­ons spé­ciales sont insti­tuées à l’usage des détenus poli­tiques et des détenus de « droit com­mun » con­sid­érés comme les plus dan­gereux.

Ces dis­po­si­tions, en détru­isant un cer­tain nom­bre de garanties fon­da­men­tales du droit con­sti­tu­tion­nel, sont en train de trac­er les linéa­ments d’un nou­v­el « état d’urgence ». La majorité des « pres­tigieuses per­son­nal­ités démoc­ra­tiques » de l’administration de la jus­tice, de la poli­tique et de la cul­ture se taisent ou con­sen­tent. Seules quelques rares et faibles voix s’élèvent pour dénon­cer les dan­gers de ce nou­veau tour­nant autori­taire des insti­tu­tions de l’État. Dans un arti­cle pub­lié le 6 août dans Lot­ta con­tin­ua et inti­t­ulé « l’ordre pub­lic dans un pays « libre », ou l’indice de sus­pi­cion », voici ce qu’écrit l’avocat Luca Boneschi

1 Cet arti­cle a été repub­lié dans Alto là ! chi va là ? Sen­tinelle o dis­fat­tisti ?, sous la direc­tion de Ger­ar­do Orsi­ni et Pep­pino Ortol­e­va, Edi­zioni Coop­er­a­ti­va Gior­nal­isti Lot­ta Con­tin­ua, 1977

:

« Il y a quelques semaines, Cos­si­ga a déclaré […] que l’Italie était le pays le plus libre du monde. Au lieu d’être accueil­lie par un éclat de rire et com­men­tée avec humour, cette déc­la­ra­tion a été portée à la une des jour­naux, avec la ser­vil­ité typ­ique des mul­ti­ples Piero Ottone

2 Piero Ottone est un jour­nal­iste, qui a été directeur du Cor­riere del­la Sera entre 1972 et 1977

, comme s’il s’agissait d’une chose sérieuse. Et cela m’a fait réfléchir. Bien sûr, en un cer­tain sens, on peut dire que l’Italie est le pays le plus libre du monde.

Libre d’avoir pour min­istre de l’intérieur, juste­ment, un Cos­si­ga, qui envoie dans la rue le 12 mai à Rome des agents déguisés et armés pour provo­quer et pour tuer; qui fait pass­er à tabac des par­lemen­taires comme Mim­mo Pin­to3 Domeni­co Pin­to était un dirigeant de Lot­ta con­tin­ua, élu député sur les listes de Democrazia pro­le­taria aux élec­tions lég­isla­tives de 1976; qui manque aux règles élé­men­taires du débat pub­lic en se procu­rant par avance le texte des inter­ven­tions télévisées de Pan­nel­la de manière à répli­quer en l’insultant; qui envoie ses agents dans les rues, tir­er sur quiconque a un com­porte­ment “sus­pect” et le tuer. Lui, il est tou­jours en place, à faire le min­istre avec l’assentiment de la gauche his­torique: cela, en effet, c’est de la lib­erté.

Libre, l’Italie, de compter dans son his­toire récente des min­istres mafieux; et d’entendre Moro pren­dre la défense des min­istres voleurs et d’avoir un gou­verne­ment dirigé par un min­istre à vie comme Andreot­ti, tou­jours aux postes clefs du pou­voir […].

Pour beau­coup de gens, l’Italie est un pays très libre: par exem­ple pour les cara­biniers qui, non con­tents de pou­voir tir­er à volon­té, sont égale­ment devenus des jus­ticiers dignes d’éloges […].

Par exem­ple encore, lib­erté pour Roche, qui peut impuné­ment empoi­son­ner des vil­lages entiers, et pour l’administration de la région Lom­bardie qui gaspille des mil­liards pour une fausse œuvre de bien­fai­sance sur le dos des pop­u­la­tions.

À présent, l’Italie est en train de devenir un pays libre pour le PCI aus­si: tant qu’il a défendu sur le ter­rain les lib­ertés démoc­ra­tiques, il a été large­ment tenu à dis­tance de tous les cen­tres du pou­voir et il a été accusé des maux les plus affreux; mais aujourd’hui qu’il signe un accord pro­gram­ma­tique lib­er­ti­cide en matière d’ordre pub­lic, qu’il accepte le pacte scélérat avec les multi­na­tionales sur les cen­trales nucléaires, qu’il porte un pro­jet de société fondé sur l’efficacité et la répres­sion, il fait par­tie de la majorité gou­verne­men­tale et on lui donne accès aux charges publiques.

Je crois que c’est là que se situe le point nodal d’un débat sur la répres­sion (ou sur la lib­erté) aujourd’hui en Ital­ie: parce que la répres­sion, on l’a sans cesse subie, entre 1948 et aujourd’hui, et assuré­ment depuis 1968 quand le slo­gan “la répres­sion ne passera pas” était la chose la plus fausse que l’on pou­vait affirmer. Seule­ment, les années précé­dentes, même avec des incer­ti­tudes, des lenteurs, et des erreurs, le PCI finis­sait tou­jours par se retrou­ver du bon côté et par défendre les lib­ertés de tous, tan­dis qu’aujourd’hui il a fait un choix clair: l’accès au “pou­voir” en échange de l’État polici­er. Et voilà que, au-delà de toute logique aus­si bien de développe­ment indus­triel que des néces­sités du pays, le PCI donne son aval et impose la con­struc­tion des cen­trales nucléaires (ce qui implique, par exem­ple, une dépen­dance économique, tech­nologique et poli­tique; de très graves dan­gers en matière de san­té et de sécu­rité des pop­u­la­tions; d’irréversibles dom­mages envi­ron­nemen­taux; des mesures excep­tion­nelles en matière d’ordre pub­lic). Il attaque et il pro­pose de mod­i­fi­er, de manière à le ren­dre imprat­i­ca­ble, le référen­dum, c’est-à-dire un out­il démoc­ra­tique pour les luttes “d’en bas” et de pro­tec­tion des minorités; il accepte de bal­ay­er des arti­cles entiers de la Con­sti­tu­tion répub­li­caine, avec les nou­velles propo­si­tions sur l’ordre pub­lic qui sont non seule­ment graves en tant que telles, mais qui représen­tent un con­sen­te­ment a pos­te­ri­ori à la loi Reale, con­tre laque­lle le PCI avait tout de même (quoique molle­ment) voté […].

Si des mesures de ce type sont inté­grées à la loi, l’Italie devien­dra sans aucun doute, pour les gou­ver­nants et les policiers, le pays le plus libre du monde: ils pour­ront intimider, pré­vari­quer, vio­l­er les droits civils et poli­tiques. En somme, le code fas­ciste fini­ra par nous sem­bler un exem­ple de libéral­isme éclairé; et la Con­sti­tu­tion, qui, sous beau­coup d’aspects, n’a pas été mise en œuvre pen­dant des années, est à présent attaquée frontale­ment: voilà le prix totale­ment fou que la gauche his­torique paie pour le “pou­voir”. »

Depuis Paris, un groupe d’intellectuels français rédi­ge un appel (cf. chapitre 11, p. 571) con­tre la répres­sion en Ital­ie. Cette ini­tia­tive sus­cite une vio­lente polémique publique par­mi les intel­lectuels ital­iens, sur leur rôle face du con­flit poli­tique qui oppose le sys­tème des par­tis au mou­ve­ment. Le débat débor­de bien vite les lieux de l’intellectualité offi­cielle et débouche sur la propo­si­tion d’un con­grès nation­al du Mou­ve­ment sur la répres­sion, qui doit se tenir en sep­tem­bre à Bologne.

Le PCI, qui dirige la ville, ne s’oppose pas au pro­jet, qu’il accepte au con­traire comme un « défi ». Mais la qua­si-total­ité de la presse met l’accent sur l’événement, et mul­ti­plie les scé­nar­ios cat­a­stro­phe où des hordes de squadristes armés répan­dent partout le saccage et la dévas­ta­tion. Pour l’occasion, le min­istère de l’intérieur affecte 6000 policiers à la pro­tec­tion des points névral­giques de la ville, en par­ti­c­uli­er la prison où sont détenus les par­tic­i­pants au mou­ve­ment que la mag­i­s­tra­ture tient pour respon­s­able du « com­plot » des journées d’insurrection de mars. La fédéra­tion locale du PCI aus­si, après avoir proclamé par la bouche de son dirigeant et maire de la ville, Zangheri « Bologne, la ville la plus libre du monde », active la total­ité de ses mil­i­tants à des fonc­tions de « con­trôle et de vig­i­lance ».

La nou­velle du ren­dez-vous bolon­ais sus­cite dans le mou­ve­ment une mobil­i­sa­tion spon­tanée sans précé­dent. Les 22, 23 et 24 sep­tem­bre, Bologne est envahie par 100000 jeunes venus de toute l’Italie, même des local­ités les plus périphériques. Des trains, des auto­bus, des colonnes d’automobiles trans­portent une marée col­orée de gens avec leurs sacs à dos, cou­ver­tures, duvets, mail­lots de bain et instru­ments de musique. Les rues du cen­tre sont sil­lon­nées par le flux inin­ter­rompu de mil­liers de per­son­nes. Les places, les parcs, les bâti­ments publics se trans­for­ment en gigan­tesques bivouacs. Dans les rues, on peint, on danse, on chante, on joue; on fait et on écoute de la musique, du théâtre, des ani­ma­tions.

Mais il ne s’agit pas seule­ment d’une « fête con­tin­ue », d’un besoin de se ren­con­tr­er, de se par­ler et de se compter dans la richesse des expéri­ences divers­es et récipro­ques. Car en même temps que la masse fêtarde des anonymes par­tic­i­pants au mou­ve­ment, les « troupes » des groupes poli­tiques organ­isés et les « obser­va­teurs » des for­ma­tions com­bat­tantes endur­cies, sont eux aus­si descen­dus à Bologne. Au cours de ces journées, toutes les com­posantes de la « strate poli­tique » du mou­ve­ment se reposent le vieux prob­lème de la ligne stratégique de l’organisation et du pro­gramme. Tous les groupes organ­isés arrivent en ordre de bataille, cha­cun avec sa posi­tion préétablie, avec beau­coup de ten­ta­tions sec­taires et peu de disponi­bil­ité à la recherche d’une quel­conque homogénéité. À l’intérieur du Palazzet­to del­lo sport, 10000 mil­i­tants des dif­férentes organ­i­sa­tions s’affrontent plus qu’ils ne se con­fron­tent, par­fois même physique­ment. Le Palazzet­to del­lo sport devient une arène, une scène sur laque­lle chaque posi­tion poli­tique joue son pro­pre spec­ta­cle en déclarant qu’à par­tir de main­tenant elle met­tra quoi qu’il en soit en œuvre son pro­jet. Les seules alliances tac­tiques se jouent entre les com­posantes de l’Autonomie Ouvrière Organ­isée et visent à la con­quête formelle de la « direc­tion poli­tique » du mou­ve­ment. La démon­stra­tion de force qu’elles met­tent en scène se con­clut sym­bol­ique­ment par l’« expul­sion » des autres com­posantes, celles qu’on situe à la « droite » du mou­ve­ment. C’est ain­si que les MLS d’abord, puis Avan­guardia opera­ia et enfin Lot­ta con­tin­ua sont chas­sés.

L’immense majorité du mou­ve­ment vit avec des sen­ti­ments con­trastés les déchire­ments qui tra­versent l’espace où l’on aurait dû trou­ver la solu­tion poli­tique des prin­ci­paux prob­lèmes stratégiques qui tenail­lent le mou­ve­ment depuis des mois. Pen­dant trois jours, le plus grand débat jamais organ­isé par le mou­ve­ment sus­cite un mélange <de sen­ti­ments> où alter­nent extranéité exas­pérée et attente angois­sée. En ce sens, la prise de posi­tion de la com­posante créa­tive du mou­ve­ment (dont l’épicentre se trou­ve pré­cisé­ment à Bologne) est sig­ni­fica­tive. Voici com­ment la décrit l’un de ses acteurs:

« Le numéro de juin 1977 de A/traverso était sor­ti sous le titre: “La révo­lu­tion est finie, nous avons gag­né.” Beau­coup de gens ont lu ce titre comme une boutade ironique. En réal­ité, il fal­lait le pren­dre très au sérieux et à la let­tre. Là où les mou­ve­ments révo­lu­tion­naires du XXe siè­cle avaient pen­sé pou­voir ren­vers­er et dépass­er la forme sociale cap­i­tal­iste, le mou­ve­ment autonome posait les bases d’une nou­velle con­cep­tion du proces­sus de libéra­tion.

Cette con­cep­tion nou­velle n’impliquait pas de bris­er le sys­tème poli­tique de pou­voir, mais plutôt de créer une aire sociale à même d’incarner l’utopie d’une com­mu­nauté qui s’éveille et se réor­gan­ise en dehors du mod­èle pré­dom­i­nant de l’échange économique du tra­vail con­tre le salaire. L’extinction du tra­vail devient la ten­dance objec­tive, ren­due implicite­ment pos­si­ble par la tech­nolo­gie et du sys­tème social du savoir. On ne peut plus appli­quer le mod­èle de la révo­lu­tion poli­tique: en ce sens, “la révo­lu­tion est finie”.

La sec­onde par­tie du titre est plus dif­fi­cile à inter­préter. Que sig­ni­fie “Nous avons gag­né”? Cette phrase était presque une sorte de con­ju­ra­tion, ou plutôt l’indication d’une pos­ture men­tale, par laque­lle nous cher­chions à créer les con­di­tions pour affron­ter, dans une expéri­men­ta­tion con­sciente et col­lec­tive, le proces­sus d’extinction du tra­vail, ce proces­sus maturé par l’immense trans­for­ma­tion issue des tech­nolo­gies mod­ernes, par la sub­somp­tion du tra­vail tech­ni­co-sci­en­tifique sous le proces­sus pro­duc­tif qui rendait pos­si­ble de rem­plac­er le tra­vail humain, l’extinction du tra­vail comme mod­èle de l’activité.

Cette intu­ition, présente dans le tra­vail de A/traverso, ne réus­sit en aucune manière à se traduire poli­tique­ment au con­grès de Bologne de sep­tem­bre 1977. Ce qui est représen­té au con­grès c’est l’esprit de l’organisation, c’est-à-dire la ten­ta­tive de ramen­er tout ce qui s’était passé au cours des mois précé­dents à des for­mules organ­i­sa­tion­nelles. La propo­si­tion nou­velle avait choisi le silence parce qu’à ce moment-là, elle n’avait rien à dire.

Ce que nous avions à dire, nous l’avions dit dans le numéro de juin de A/traverso et c’était une analyse de ce qui allait se pass­er dans les années à venir, la descrip­tion du tra­vail intel­lectuel à l’intérieur de la nou­velle organ­i­sa­tion tech­nologique.

Sur ces ques­tions, nous n’avions pas de propo­si­tion poli­tique mais nous avions élaboré le texte d’une nou­velle Con­sti­tu­tion de la république ital­i­enne, une espèce de scé­nario dadaïste des­tiné à être représen­tée pen­dant le con­grès: ça se voulait une espèce de lec­ture des chapitres de la Con­sti­tu­tion du point de vue de la libéra­tion en acte.

Nous voulions mon­ter une scène sur la piaz­za Mag­giore, et là, à un moment quel­conque au milieu des gens, déclar­er que notre con­tentieux avec l’État ital­ien était caduc, que le com­pro­mis his­torique (la seule propo­si­tion que l’État avait faite) avait fail­li, et que l’on pou­vait par con­séquent con­sid­ér­er l’État comme dis­sous; que l’on pou­vait toute­fois con­sid­ér­er cela comme un fait posi­tif parce que ce que nous voulions était déjà en train de se pass­er: le tra­vail ouvri­er va dis­paraître dans les prochaines années, et nous refaisons donc la Con­sti­tu­tion à par­tir de ce savoir élé­men­taire: le tra­vail ouvri­er dis­paraît, refon­dons la vie humaine sur d’autres bases.

À ce moment-là, cir­cu­lait un dis­cours alter­natif pro­pre à l’époque: le proces­sus de refus du tra­vail con­duit à l’usage inten­sif des tech­nolo­gies, et si nous le voyons comme une malchance c’est une chose dés­espérée et dra­ma­tique. Mais si, au con­traire, nous le voyons comme un proces­sus que l’on peut gér­er col­lec­tive­ment, cela devient un nou­veau ter­rain de libéra­tion. Pour ce faire, il faut se libér­er de l’enveloppe formelle que con­tin­ue à représen­ter l’État, par con­séquent, refon­dons la Con­sti­tu­tion ital­i­enne.

Ce que nous avions à dire, c’était: “les gars, des années désas­treuses nous atten­dent, pour­tant au cours de ces années se déploiera un proces­sus futur que nous pou­vons ten­ter d’interpréter, où pour­ront se man­i­fester de nou­veaux proces­sus d’autonomie.”

En réal­ité, ce que nous avons trou­vé à Bologne, c’était une tout autre tonalité/tension.

Le con­grès de sep­tem­bre était né à Paris au moment où nous avions lancé l’appel con­tre la répres­sion signé par les intel­lectuels français. Au début, per­son­ne ne pen­sait que cette occa­sion allait com­plète­ment échap­per à notre con­trôle.

Cela a été en revanche un moment où tout le monde a sen­ti qu’il fal­lait y aller, parce que ça allait être l’occasion de se voir, de se par­ler, de se compter. On s’attendait à quelque chose de mag­ique. Une attente dra­ma­tique s’était créée ain­si qu’une diver­gence nette, très nette entre le Palazzet­to del­lo sport, qui était le lieu affec­té à la couche poli­tique et à l’aire du mil­i­tan­tisme des dif­férentes et de ses dif­férentes com­posantes, et d’autre part un grand nom­bre d’animations et de spec­ta­cles de masse.

Tout le monde était venu à Bologne avec de fortes attentes, et ces attentes avaient été frus­trées. Face à la demande d’une solu­tion post-organ­i­sa­tionelle, l’encadrement poli­tique n’avait rien d’autre à pro­pos­er que les vieux mod­èles, et les autres n’avaient ni l’énergie ni la capac­ité d’inventer une nou­velle solu­tion poli­tique, parce qu’il n’y avait pas de solu­tion poli­tique.

La man­i­fes­ta­tion qui clôt le con­grès, imposante et sug­ges­tive, défile des heures durant. En dépit de l’agressivité ver­bale des slo­gans, il n’y a pas d’affrontements avec la police. À la fin, les man­i­fes­tants regag­nent leurs ter­ri­toires respec­tifs, leurs lieux de vie et de lutte en empor­tant un léger sen­ti­ment d’amertume, de décep­tion, de frus­tra­tion. Tous se promet­tent encore de con­tin­uer, d’aller plus loin, de l’avant mais per­son­ne ne parvient à se dis­simuler l’an­gois­sante ques­tion: en avant com­ment? en avant vers où? »

dans ce chapitre« Le noir mois de mai
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    Piero Ottone est un jour­nal­iste, qui a été directeur du Cor­riere del­la Sera entre 1972 et 1977
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    Domeni­co Pin­to était un dirigeant de Lot­ta con­tin­ua, élu député sur les listes de Democrazia pro­le­taria aux élec­tions lég­isla­tives de 1976